Courir vers Tokyo... dans les tunnels de l'UdeS

17 février 2021

Courir vers Tokyo

Bien que les Jeux olympiques d’été prévus en 2020 aient été remis à 2021, à cause de la pandémie de la COVID-19, la spécialiste du 800 m garde espoir de se qualifier pour les Olympiades de l’été prochain. Mais la route vers Tokyo 2.0 est parsemée d’obstacles et d’incertitudes, et c’est par les tunnels souterrains qui sillonnent le sous-sol de l’Université de Sherbrooke qu’elle espère y parvenir.

La Sherbrookoise s’entraîne tant bien que mal à la maison, sur son tapis roulant, ou en sprint, dans les tunnels qui relient les différents pavillons de l’Université de Sherbrooke. Les conditions météo hivernales, de même que la réfection de la piste d’athlétisme du Centre sportif intérieur Yvon-Lamarche, de l’Université, l’empêchent de profiter de conditions d’entraînement optimales.

Malgré tout, l’objectif demeure de gagner son billet pour Tokyo lors des sélections canadiennes, qui se dérouleront fin juin à Montréal.

Celle qui fait actuellement ses études en médecine à l’Université de Sherbrooke avec un stage en gériatrie, à l’Hôtel-Dieu, doit également s’adapter aux mesures sanitaires actuelles.

Le casse-tête est entier.

Voilà pourquoi elle a décidé de mettre une croix sur sa saison intérieure actuelle.

D’abord parce que l’incertitude embrouille toute possibilité entourant la tenue prochaine de courses ou de compétitions intérieures.

Mais aussi, parce qu’elle est dans le dernier droit de ses études en médecine.

« Tout est un peu incertain, en ce moment. On ne sait pas ce qui va arriver dans les prochaines semaines, ou mois. Voilà pourquoi avec mon entraîneur (Simon Croteau) on a pris la décision d’annuler la saison intérieure afin de se concentrer sur la saison extérieure. On planifie l’entraînement vers ça, maintenant. Comme ça, je sais que jusqu’en avril, je n’ai pas de compétition, alors je n’aurai pas d’attentes ou de déceptions envers de possibles compétitions à venir, qui pourraient être reportées, ou annulées », dit-elle.

Plusieurs athlètes optent déjà pour ce scénario qui privilégie les compétitions extérieures. Avec la pandémie actuelle, cela devient pratiquement obligatoire.

Dans la tempête, Bouchard tente de garder le moral.

« C’est un scénario que l’on considérait déjà, depuis quelque temps. J’essaie de voir ça positif, et de ne pas trop penser de quoi ça va avoir l’air, dans quatre mois. Je ne me concentre pour l’instant que sur les sélections canadiennes. C’est entouré en gros sur mon calendrier. Mais encore là, tout va dépendre de ce qui va arriver au printemps et début de l’été. C’est la même chose pour n’importe quel sport : c’est rarement la première compétition qui est la meilleure de l’année. Il faut prendre le beat. C’est long. Sur 800 m, il faut bien courir en peloton, prendre les décisions, alors faire plusieurs courses de suite, c’est un énorme avantage. Voilà pourquoi j’aimerais faire quelques compétitions avant les sélections canadiennes. J’espère que la campagne de vaccination actuelle va améliorer la situation, au point de nous permettre de participer à des compétitions préparatoires. Mais est-ce que ce sera le cas? Personne ne sait. »

COVID et sport

Lorsqu’elle quitte son tapis roulant, Maïté Bouchard enfile son sarrau de future médecin. Elle est aux premières loges pour constater la situation actuelle.

Son côté athlète aimerait que les compétitions reviennent, qu’il y ait des spectateurs dans les gradins, pour encourager les athlètes. Mais son côté médecin l’a ramené sur terre.

« C’est plus que jamais important de penser globalement, et non individuellement et de minimiser les déplacements et d’appliquer les mesures sanitaires, soit le masque, la distanciation, respecter le couvre-feu. Avec la dernière année qu’on a vécu, les pays et organisations sportives s’améliorent dans la gestion de tout ça. Ça risque d’aider à tenir des compétitions, mais je ne pense pas qu’on peut s’attendre à un retour à la normale qu’on connaît cet été. Clairement pas. Il y a plein de mesures qui vont rester, comme le masque entre autres », déplore-t-elle.

« J’espère que la campagne de vaccination va faire une différence; les études jusqu’à présent confirment que ça fonctionne quand même bien, alors il faut se donner le temps. Voilà pourquoi le gouvernement a mis en place le couvre-feu et le confinement actuel, en ce moment précis, en espérant que ça puisse contribuer à créer une immunité collective et à aider la campagne de vaccination. Mais avant de parler d’immunité collective, il doit y avoir un bien plus grand nombre de personnes vaccinées. Ce n’est pas mon domaine, mais c’est clairement encourageant et un pas dans la bonne direction », a dit celle qui a été vaccinée récemment, comme tous les employés de première ligne en santé.

Des objectifs clairs

Sur la piste, son entraîneur Simon Croteau croit que sa protégée est capable de grandes choses, malgré les circonstances.

« Bien que l’année 2021 s’amorce un peu de la même manière que 2020 s’est terminée, c’est-à-dire avec beaucoup d’incertitudes, il n’en demeure pas moins que la motivation est toujours au rendez-vous pour Maïté. Chose certaine, l’objectif pour 2021 ne peut être plus précis et clair : devenir la première Québécoise de l’histoire à voir son temps sur 800 mètres briser la barrière du 2 minutes. Un tel temps devrait lui permettre de s’assurer une place sur l’équipe olympique canadienne et ainsi obtenir son billet pour Tokyo », a-t-il indiqué.

« Avec l’annulation, pour une deuxième année consécutive, des championnats du monde en salle (prévu en 2020 et maintenant repoussé en 2022), nous avons décidé de faire l’impasse sur la saison intérieure, qui est très incertaine de toute manière. Nous avons maintenant en main beaucoup de temps afin de travailler en profondeur les qualités de base, ce que nous n’avons habituellement pas le luxe de faire pour une aussi longue période.»

« En fonction de l’évolution de la situation avec le COVID, c’est à la mi-avril, en Californie, que Maïté devrait renouer avec la compétition. Ceci amorcera le dernier sprint vers la sélection pour les Jeux olympiques de Tokyo qui se confirmera au début juillet », dit Simon Croteau.